Notre Dame de la Garde

La Bonne Mère de Marseille

Cette page présente les ex-voto sous forme de maquettes marines. Celles-ci sont généralement plus récentes que les tableaux, même si on en offrait déjà il y a quelques siècles. On en offre encore à la Bonne Mère. Vous les trouverez principalement dans le bâtiment de l’accueil, sauf le Gabian qui est pendu aux voûtes de la basilique. D’autres maquettes (avions, voitures, motos etc…) mériteraient une autre page.
La fin de la page présente quelques unes des plaques de marbre les plus célèbres de la basilique.


La maquette porte le pavillon hollandais, et une inscription à l'arrière : Wilhelmine. Jean Di Notolo est d'origine italienne. Il habite au Canet (quartier de Marseille), puis au Bd Guigou. Nous ne connaissons malheureusement pas quelles sont les réelles raisons, ni dans quelles conditions il apporte son ex-voto le 20 avril 1935 à la Bonne Mère. Il a failli se noyer ! Mais la Bonne Mère était là.  
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Félix Reynaud présente dans son livre une maquette qui porte le numéro d'inventaire 647. C'est quasiment la même que ci-dessus. Il y a un gouvernail et une voile sombre. Je n'ai pas pu retrouver la maquette. Peut être y a t il eu erreur. Voici l'histoire :
Le voeu d'Alphonse Battista. 1951
Alphonse Battista naît à Marseille d’un père Italien en 1928. En 1948, il s’engage dans l’armée et part pour l’Indochine. Il en revient, et pour montrer sa reconnaissance, il offre cette maquette en 1951.

Inscription : « Je remercie Notre-Dame de la Garde de m’avoir fait revenir saint et sauf d’Indochine. Battista Alphonse, Marseille »



Le Champollion est un paquebot de luxe construit en 1925, long de 158 mètres pour 20 de large. Il peut accueillir 584 passagers. Il assure des liaisons au départ de Marseille vers le proche orient. Pendant la guerre il transporte des troupes. De 1946 à 1950 il est affecté à l’Indochine ; puis, après une refonte, il revient sur les lignes du proche orient.
Le 15 décembre 1952, il appareille vers Alexandrie et Beyrouth. 219 passagers et 214 membres d’équipage ont pris place à son bord. Le 22 décembre, à 6 heures du matin, le navire s’échoue, pendant une violente tempête, à six kilomètres au sud de Beyrouth. L’équipage a été trompé par un nouveau phare installé et non indiqué par les cartes marines.
Il faut attendre les secours. Une quarantaine d’hommes se jettent à l’eau et tentent de regagner la plage. Quinze d’entre eux se noient. Les secours ne pourront atteindre le navire que le lendemain et le reste des hommes est sauvé.
Le jour de Noël, cinq rescapés sont à la Bonne Mère. Le lendemain c’est un homme, pieds nus qui monte à la vierge dans la neige ! « Ne croyez pas que je suis fou ! Je suis un rescapé du Champollion et j’accomplis un voeu ». le 28, ce sont quinze autres qui font une cérémonie de grâce. Enfin le 10 février se déroule la manifestation officielle avec la maquette du Champollion.


Cette maquette évoque le percement du canal de Suez. Elle est en carton et représente une drague telle que l’on pouvait en voir à cette occasion, à deux détails près : les dragues utilisaient une chaudière, donc il y avait une cheminée, absente sur la maquette. Ensuite la chaîne à godets servant à racler le fond du canal n’est pas visible sous le fond de la maquette.
L’ex-voto a été déposé le 8 juin 1890 par Mme Pierreti-Roubier, peut être la fille de Philomène Roubier.
Imaginons :
Le mari de Philomène travaille sur le chantier du canal de Suez. Il construit la maquette du navire sur lequel il travaille. A la fin de sa carrière, il se retire à Alger où il décède en 1890. Sa veuve fait alors porter cette maquette par sa fille à Notre Dame de la Garde.


Nous ne possédons que peu de renseignement sur cet ex-voto.
Otto Duarte, officier de marine uruguayen navigue entre le port de Fos et le golfe Persique en 1987, pendant une très grave crise internationale. Son épouse et ses beaux parents, Mr et Mme Eggel, le rejoignent à Marseille. Otto leurs a offert une maquette de bateau. Ils l’apportent à la Bonne Mère le 14 septembre 1987, très inquiets du sort de leurs beau fils.
Le vœu est exhaussé.



Christian Giraud est né en 1900. Il est fondé de pouvoir à la Compagnie de navigation Paquet. En 1928, il rencontre Luce Court-Payen. Au cours d’une promenade en mer, à bord du Gabian, ils promettent de se marier. Ils attribuent leur rencontre à la Bonne Mère, et ils achètent une maquette de bateau. Ils peignent le nom de Gabian et apportent leur ex-voto le 20 novembre 1928. Quelques temps après il se marient.
Christian Giraud décède à la fin septembre 1931.


Inconnu

Le Shiga Maru est un cargo construit à Nagasaki en 1958. Il parcourt une ligne commerciale qui traverse le Pacifique, vers les Etats-Unis, puis l’Europe et enfin retour vers le Japon, ou vice versa. Le navire paraît être venu à Marseille à sept reprises. Pendant ses escales, le capitaine Akika Shiihara monte à la Bonne mère et il observe attentivement les ex-voto. Shiihara n’est pas chrétien, mais lors d’une situation critique pour le navire, il se souvient de la Bonne Mère et il promet d’apporter la maquette de son bateau, qui a sans doute été faite en même temps que le navire.
Il est en escale à Marseille du 7 au 11 mai 1971. Il prévient alors le recteur et celui-ci l’accueille avec une musique nipponne tandis que des drapeaux japonais flottent sur la basilique.


Georges Marchelli né à Marseille en 1919 et travaille tout d’abord au Petit Provençal, puis au Provençal jusqu’en 1977. Il a une passion : la mer, et il navigue dans la rade sur de petites unités. Il se passionne aussi pour les maquettes.
En 1984, il se réveille un matin avec la main droite paralysée, et il doit subir une intervention chirurgicale au coude. Il se recommande alors à la Bonne Mère, et après de longs mois de rééducation, il retrouve l’usage de sa main.
Il choisit alors la maquette de la Bounty, qu’il achète dans un magasin spécialisé de Marseille, et commence sa construction. Sa maquette est baptisée Bonne Mère. Il apporte son ex-voto à Mgr Blanc le 17 décembre 1988.


Victor Josse naît en 1912 à Marseille. Il est mécanicien en aéronautique. Mais pendant la deuxième guerre sa santé se dégrade et il est contraint d’arrêter le travail en 1952. Il se passionne alors pour le modélisme. Il a déjà offert à Notre dame de la Garde une maquette d’avion, pour avoir rencontré sa fiancée. En 1956, il remercie la Bonne mère de lui avoir permis de lutter contre la maladie, et il offre cette maquette de la Santa Maria, reconstitution du navire de Christophe Colomb, sur des plans du ministère de la marine.
En 1967, sa santé s’étant améliorée, il offre une maquette de trirème romaine (cette maquette a disparu de la basilique).
Il décède en 1984.


Incription : « Reconnaissance d’un marin dont le navire, la Mostaganem, est resté à la dérive, lors d’une tempête, 78 heures. En remerciement à Notre Dame pour sa maternelle protection.
L’auteur de l’ex-voto, ni les circonstances de celui-ci, n’ont pas été identifiés.
Le Mostaganem est un cargo à l’histoire mouvementée. Il est construit en Hollande en 1921, puis navigue pour le compte de la compagnie Paquet. Il subit alors un échouage en 1937. Renfloué et réparé il est vendu à France Navigation (crée par le parti communiste français pour ravitailler les Républicains espagnols) et navigue en Méditerranée occidentale. Il est baptisé alors du nom de Mostaganem. En 1939 il est réquisitionné. Il est coulé en 1943 au large du Lavandou.
Nous pouvons supposer que cette maquette, représentant un navire de guerre, a été construit par le donateur, J.P.


Inscription dans le cœur accroché au mât arrière : « J.M.J. 30 septembre 1935. Mlle Ste Philomène vous confie, ô ma Bonne Mère, ainsi que Mlle Ste Jeanne, toutes les âmes qui sont là et qui travaillent sous votre regard. Bénissez les ainsi que les bergères. Nous mettons tous nos cœurs dans le votre, ô Bonne Mère ! ».Les donatrices de cet ex-voto n’ont pu, avec certitude, être identifiées. Un pèlerinage de l’Oeuvre des jeunes filles du 112 de la rue d’Endoume (quartier de Marseille, en dessous de la Bonne Mère) a eu lieu ce même jour, selon le journal de la basilique.La maquette, représentant grossièrement un paquebot des années 1920, n’a rien à voir avec l’œuvre, mais ce qui compte, c’est l’intention.


Le fils de Mme Defontaine est militaire. En 1939 il est directeur d’une société de conserve à Madagascar.
Lors d’un de ses voyages en métropole, il rapporte à sa mère une maquette de pirogue malgache. Celle-ci l’offre à Notre Dame de la Garde. Quelles sont les raisons qui l’ont pousée à offrir cet ex-voto ? Et à quelle date ?


Pierre Gaude naît en 1919 à Marseille. Il habite au pied de Notre Dame de la Garde, dans le quartier Vauban. Il se destine à la marine marchande. Lors de ses études, il fait le vœu d’apporter un ex-voto s’il réussit à ses examens. Ce qui est accompli. Il construit alors la maquette du PLM 15 dont son cousin était officier radio pendant de longues années. Il apporte alors son œuvre au chapelain de la Bonne mère le 28 juin 1938.
Le PLM 15 est un charbonnier qui appartient à la société PLM, devenue plus tard SNCF. Il transporte du charbon destiné aux locomotives. En février 1940, il est chargé de phosphate à destination de Brest, au sein d’un important convoi maritime. Au large du cap Finisterre, il est coulé en deux minutes, sans doute par un sous-marin allemand. Il n’y a pas de survivants.


Alain Theraube naît à Lyon le 27 janvier 1951, et passe une partie de sa jeunesse à Marseille où il monte souvent à la Bonne Mère. Plus tard il est il est gendarme à Rumilly (Haute Savoie). Il commence alors la construction du Soleil Royal en 1974.
Il décède en 1984 et sa veuve qui vient s’installer à Marseille, place sa famille sous la protection de la Bonne Mère. En 1988, elle apporte la maquette si précieusement conservée, par un jour de grand mistral.


Un tabor est une unité équivalente à un bataillon, composée de tirailleurs marocains.
Le VIIIème tabor a été formé en 1940 et a participé à la libération de 1943 à 1945. En 1948, il rejoint l’Indochine (d’où la première plaque) au départ de Marseille, sous les ordres du Cte Brion.
Après de nombreux faits d’armes, le tabor est relevé le 7 septembre 1950 par la légion étrangère (deuxième plaque) et débarque à Oran le 17 novembre. C’est le capitaine Brion en personne qui commanda cette troisième plaque à Notre Dame de la Garde.


Février 1923. En Afrique du nord, le Maréchal Lyautey souffre d’une grave crise hépatique. Il rentre en France, et se fait opérer de la vésicule biliaire à Paris le 7 juin. La convalescence est lente et le 30 juillet le Maréchal se lève enfin. Mais la plaie cicatrise mal, et il faudra une autre intervention au début de l’année 1924
Le 19 avril le Maréchal repart enfin pour l’Afrique, et en passant par Marseille son épouse vient commander une cette nouvelle plaque.


L’Olbia est un bateau mixte, à voile et à vapeur, construit en 1873 en Angleterre. Il mesure 107 mètres de long pour 11 de large. La compagnie Cyprien-Fabre l’achète en 1893. Après avoir navigué sur l’Atlantique Nord, il vient en Méditerranée. En 1901 il part pour Madagascar, puis la Réunion, et l’île Maurice, qu’il quitte le 2 décembre avec une cargaison de 2000 tonnes de sucre et de cacao ainsi que cinq passagers.
Dans l’océan indien il rencontre un cyclone et le commandant Mattei s’en remet à la Bonne Mère. Le navire est sérieusement endommagé et il décide de rejoindre Diego Suarez.
Il rejoint Marseille le cinq janvier 1902.
Cet ex-voto contient deux erreurs : le nom du navire n’est pas Obbia, et la compagnie est indiquée Gip-Fabre.


La plaque est superbe. En haut de l’inscription, un Sacré-Cœur rayonnant entouré de deux petits anges.
La famille Noilly est installée à Marseille depuis 1845. Elle possède une fabrique d’absinthe et de vermouth. Anne, la fille épouse Claudius Prat, et celui-ci décède très rapidement. Anne dirige alors l’entreprise qui prospère rapidement.
En 1884, le choléra s’abat sur la région et les habitants fuient la ville. En 1885, une deuxième vague s’acharne sur la ville. En tout l’épidémie fait 3000 morts.
Anne Prat-Noilly place sa maison et ses ateliers sous la protection de la Bonne Mère. A la fin de l’épidémie, en 1885, elle organise un pèlerinage à Notre Dame de la Garde avec son fils et ses employés et dépose son ex-voto.


La Bouffonne entre en service le 15 juillet 1916. Le commandant Fourtoul en prend le commandement. Elle est équipée de deux moteurs diesels de 900cv et est longue de 60 mètres. Elle est armée de deux canons de 100 mm et son équipage est de 56 hommes.
A partir du 18 août elle assure des missions de protection de navires contre les sous-marins ennemis. Sans grand résultat, semble-t-il. Le 13 décembre 1917, Fourtoul quitte le commandement de la canonnière.
Le commandant Fourtoul est le fils du colonel Fourtoul et de Inès de Bourgouing. Son père décède en 1901, et sa mère épouse en seconde noce le général Lyautey, qui visite Notre Dame de la Garde en 1920. En 1921, Madame Lyautey est à Marseille et remercie la Bonne Mère d’avoir protégé sons fils pendant les 18 mois passés sur le navire. Mais la plaque de marbre n’est pas très explicite, si bien que l’on comprend que l’ex-voto est destiné au général, devenu maréchal de France. En 1938, à l’occasion d’une mise à jour des plaques, on fait ajouter « Maréchal Lyautey ».


Nuit du 16 décembre 1920.
Le mistral glacial souffle sur Marseille. Des cambrioleurs escaladent la terrasse de la basilique et fracturent la serrure de la sacristie. Ils veulent ouvrir le coffre-fort. Mais ils semblent ignorer qu’il existe un système d’alarme. Celui-ci se déclenche, et les deux gardiens Edmond Audibert et son beau frère Eugène Persegol, s’habille en toute hâte, et sortent. Une silhouette disparaît par la porte. Ils s’approchent et deux coups de feu retentissent. Audibert passe alors son bras par la porte entrouverte et tire de son revolver cinq balles au hasard. Puis les deux hommes vont chercher du renfort. A leur retour il découvrent un homme mort. Un autre homme, blessé s’est enfui mais il ne va pas loin. On le retrouve mort le lendemain en bas de la Bonne Mère.
En 1921, E Audibert reçoit de l’académie de Marseille un prix pour son « bel acte de courage ».


Pendant la première guerre, Marseille est une importante base de transit pour les Anglais dont les combattants arrivaient des Indes ou d’Australie. Ils avaient leur camp à La Valentine (Est de Marseille).
En mai 1918, Le révérend Doulerery, aumônier de la base, organise un pèlerinage à la Bonne Mère. Le dimanche 26 mai, jour de la Trinité, se rassemblent dessous la passerelle de l’ascenseur (l’actuelle grande croix), des Anglais, Australiens, Indoux, Irlandais... et la procession monte jusqu’à la basilique d’où ils commandent la plaque que nous voyons.
Six mois plus tard, la guerre étant terminée et leur vœu étant exhaussé, une imposante cérémonie composée de 400 personnes de l’Empire vient à la Bonne Mère en action de grâce.


Pendant la grande guerre, la France cherche des combattants dans son empire colonial. Le 13 novembre 1917, ce sont 756 Calédoniens qui embarquent sur l’El-Kantara, un cargo mixte.
Le 17 janvier, le navire rejoint un convoi de 17 navires à Alexandrie, sous la protection de deux destroyers et deux chalutiers, vers la méditerranée occidentale. Le 22 janvier, aux abords des côtes tunisiennes, le convoi subit trois attaques de sous-marins allemands. Un navire italien, l’Andréa Costa est coulé à 11h ; puis le Knight of the Garble, navire anglais est endommagé et doit s’arrêter ; et à 15H, ce sont deux navires anglais, le West Wales et le Manchester qui sont coulés. Le 24 janvier, le reste du convoi arrive, en sûreté à Bizerte. De là, quatre navires français, sous bonne escorte rallient Marseille le 29 janvier 1918.
Les calédoniens sont alors emmenés à Fréjus où ils rencontrent le père Faroud. Ils expliquent que pendant le traversée il ont fait une neuvaine et se sont mis sous la protection de notre Dame de la Garde et qu’ils ont promis une plaque de marbre et des messes d’action de grâce. Le prêtre écrit alors au recteur. L’ex-voto est remis à la basilique le 18 juin 1918, et le père Faroud vient lui-même célébrer la messe à trois reprises en juillet et août.
Des hommes, originaires des antipodes de la France, se sont recommandés à Notre Dame de la Garde.