Le visiteur qui entre pour la première fois dans la basilique de Notre Dame de la Garde est ébloui par la richesse du décor quand il lève son regard. Et puis sa tête tourne vers la gauche et il découvre une multitude de petites plaques de marbre apposées sur le mur. Sur sa droite celui-ci est couvert de différentes décorations et fanions militaires, et chose curieuse, s’il regarde bien, le fanion de l’olympique de Marseille est là ! En pénétrant plus avant dans la nef, il y a toujours des plaques, mais elles sont surmontées par d’innombrables tableaux. En relevant le regard, il est attiré par des maquettes qui pendent de la voûte, le long d’un fil. Derrière l’autel, sous la frise, c’est une multitude de petites croix de la légion d'honneur qui font elles-mêmes une autre frise. Et il y en a encore de chaque côté de d’autel, pendues aux arcatures.
Ce visiteur regarde avec curiosité. Il pense aussi que ces inscriptions et dessins se rapportent sans doute à des évènements particuliers. Il voit bien le fanion du Général Goislard de Montsabert, libérateur de Marseille en août 1944. Mais les autres, que sont ils ?
Notre Dame de la Garde est indissociable de ses innombrables ex-voto. Il y en aurait plus de trois mille, dont mille sont exposés. En 1976 un inventaire des ex-voto est entrepris. On fouille dans tous les placards et tous les objets sont photographiés et répertoriés. En 1984 une autre équipe prend le relai et c’est ainsi que le premier catalogue naît.
La majorité de ceux-ci ne représente pas un grand intérêt artistique. Mais leur valeur est tout autre. Ils sont le symbole de l’attachement des Marseillais à leur Bonne Mère. Ils montrent aussi qu’elle est la protectrice de tous les hommes. Ces ex-voto (expression d’un vœu) retracent des évènements qui sont très souvent banaux. L’heureuse issue en est attribuée à l’intervention divine de la Bonne Mère, celle qui veille sur tous les Marseillais. Le vœu étant exhaussé, on apporte son dessin, ses médailles de guerre, son tableau, son cœur en argent, ses béquilles ou bien maintenant sa plaque en marbre à la sacristie.
Cette pratique remonte au début du sanctuaire, au XIII ème siècle, quand Maître Pierre a construit la première église. Elle s’est amplifiée à partir du XVI ème siècle et Mlle de Scudéry nous en a laissé un témoignage.
Ex-voto de 1848. Intérieur de la chapellle. On devine, tout au fond, le vieux retable.
A la révolution, tous ces ex-voto sont vendus par lot de vingt, et il faudra attendre la réouverture en 1804 pour qu’ils reviennent. La lithographie de Delaplante, ci dessus, nous montre que dans les années 1840, les murs en sont de nouveaux recouverts. Les guerres, l’épidémie de choléra, sont des périodes de grande affluence. Bientôt, il n’y a plus de place sur les murs de la basilique, et l’on pense alors aux plaques de marbre (les plus anciennes portent les noms des donateurs de la construction de la nouvelle basilique; elles sont dans la crypte). Malheureusement, elles sont en général très peu descriptives et l’on n’en saura pas plus que ce qu’il est écrit dans le registre des entrées de Notre Dame de la Garde.
Il existe une excellente étude accessible au public : Trois petits livres de Félix Reynaud. Le premier est intitulé « Ex-voto marins de Notre Dame de la Garde » ; viennent ensuite « la vie quotidienne » puis en 2000, « la vie publique ». Ces trois livres sont publiés aux éditions de la Thune et en vente à la boutique de la Bonne Mère.
Pourquoi changer ce qui est excellent ? Nous suivrons donc cette classification, d’autant plus qu’ils sont rangés sur les murs de la basilique à peu près dans cet ordre. Nous dédoublons les ex-voto marins par une page sur les maquettes, et les ex-voto vie publique par une page sur les ex-voto militaires. Ceux-ci se trouvent sur les murs de la chapelle St Roch, la première à droite en entrant dans la basilique.
Nous indiquons, chaque fois qu'il est possible, l'emplacement des ex-voto dans la basilique. Ainsi, quand vous "monterez à la Vierge", sur la montagne, vous pourrez, si vous le souhaitez, les repérer.