Notre Dame de la Garde

La Bonne Mère de Marseille

Les marins ont été parmi les premiers à vénérer Notre Dame de la Garde, dés la construction de l’ancien édifice. Et bien sûr, lors d’une tempête particulièrement terrible, ou bien lors d’un accident, ils se sont recommandés à la Vierge Marie. Et quelques temps après ils apportent, qui leur maquette, qui leur tableau. Les tableaux que nous pouvons voir dans la basilique, dans les deuxième et troisième chapelles à droite, datent presque tous du XIXème siècle. Ils nous racontent leurs histoires.

Qui n’a pas rêvé devant ces scènes de mer déchaînée dans lesquelles tentent de naviguer des embarcations bien souvent en perdition ? D’autres ex-voto nous montrent des navires sur une mer calme. Le donateur remercie la Sainte Vierge de l’avoir protégé d’une longue carrière de navigation. C’est la même chose pour les maquettes, mais elles ne peuvent montrer les circonstances du vœu.

Pour en savoir plus : Les ex-voto marins de Notre Dame de la Garde. Félix Reynaud, Editions de la Thune. L’auteur y détaille plus de cent vingt ex-voto, y compris les maquettes




Nous ne savons rien du donateur de cet ex-voto, ni des circonstances qui ont précédées ce don. L’action se passe dans la nuit. Quelques maisons d’une ville sont visibles On distingue deux personnes qui regardent par-dessus le mur d’enceinte. Celui-ci comporte des canons. Une rivière s’écoule sous un pont. Quelques barques sont visibles. Dans le coin gauche, en haut, apparaît la vierge, traditionnellement vêtue de bleu et de rouge. Elle tient dans ses bras l’enfant Jésus. Au premier plan deux bateaux quittent le quai. Leurs équipages sont vêtus de rouge. Le premier bateau dont les voiles sont carguées semble tirer le deuxième. La scène fait penser à une évasion, réalisée grâce à la protection de la Bonne Mère. Peinture du XIXème siècle.



  Le brick L’Aimable est parti de Smyrne le 19 novembre 1814. Après escale à Samos il transporte de l’huile du fer et quelques barils de raisins secs à destination de Marseille. En arrivant près de Bandol, au cap Sicié, le 8 novembre, un violent coup de mistral l’oblige à fuir vent arrière. Le vent le pousse jusqu’à La Spezzia en Italie où il se met à l’abri ! Le capitaine du navire, Pierre Bertrandon a fait un vœu dés le début de la tempête. L’aquarelle est signée Antoine Roux, spécialiste des ex-voto marins.

Le Ville de St Nazaire est un petit paquebot de 85 mètres de long pour 12 de large, construit en 1869 pour le compte de la Compagnie Générale Transatlantique. A peine terminé, il est utilisé pour la guerre. En 1874 il est affecté à la ligne Panama-Valparaiso. En 1895 il transporte les bagnards vers Cayenne, puis en 1897, il commence un premier voyage entre les Antilles et New York. A son retour une tempête le surprend et le navire sombre. Trois canots sur six sont mis à l’eau dans l’urgence. Quatre vingt naufragés y prennent place. Dans le premier canot, sorte de baleinière, ont pris place le capitaine en second, Pierre Nicolai, le matelot Chaudière et au moins douze autres personnes. Au bout de deux jours, un vapeur passe, mais malgré les signaux, il ne s’arrête pas. Il faut attendre le quatrième jour pour qu’un cargo anglais les aperçoive. Le dessin montre le moment où un navire passe à proximité. Le capitaine Nicolai est à la barre, à son côté le matelot. Un homme fait des signaux vers le navire. La majorité des passagers est affalée au fond du canot, sans force. C’est Madame Nicolai qui a porté, le 13 juin 1897, l’ex-voto à Notre Dame de la Garde.


Cette aquarelle sur papier est due à Antoine Roux, grand spécialiste des mers mousseuses et blanches. L’Amérique a été construit en 1857 à La Seyne Sur Mer pour le compte de la Compagnie de Navigation Mixte. Il mesure 76 mètres de long pour 11 de large. Gréé en trois mats barque, il est équipé d’une machine à vapeur de 420 CV. Il possède aussi une seconde chaudière à l’éther qui réduit de 75% la consommation de charbon. Mais devant le risque très important d’accident inhérent à un tel système, celui-ci est abandonné. L’Amérique vendu en 1859 aux Messageries Impériales, commence en 1861 ses voyages sur Constantinople, qui durent sept jours, aller simple. Le 10 novembre 1866 il appareille vers le Bosphore. Dans la nuit du 15 au 16, en approchant des Dardanelles, l’Amérique subit une forte tempête de nord, le meltem. Les mâts sont brisés, tout est emporté sur le pont, l’ancre pend désespérément. Seule la chaudière semble en ordre de marche. L’équipage se recommande à la vierge, et le vœu est exhaussé. Le navire réussi à rejoindre Contantinople. Mais le retour fut aussi mouvementé. Toujours dans la mer Egée, le navire rencontre de nouveau le meltem, équivalent de notre mistral, dans la nuit du 28. Les pompes de la chaudière tombent en panne. Le 30 le navire réussit à gagner Le Pirée. Pour cette traversée il emmène 1000 tonnes de marchandises, la poste et 30 passagers. Il regagne Marseille le 5 décembre. L’inscription sur la bande noire au bas du tableau n’indique que la date du 15 au 16. Aucune allusion n’est faite au retour. L’équipage a-t-il pensé que le recours à la Bonne Mère à l’aller était suffisant pour les protéger au retour ?


Le brick navigue sous toile réduite. Les vagues cachent presque entièrement la coque. Au fond, à droite et à gauche on distingue des côtes. Nous sommes dans le détroit de Messine. La Confiance est un brick de 111 tonneaux qui appartient à la société Roux Frères. Il est parti de Smyrne le 31 janvier 1856 chargé de 120 tonnes de graines de sézame. Le 20 février, en vue du phare de Messine, une tempête l’assaillit. Le capitaine Bocognani après avoir consulté son équipage, rejoint le port. Le 22 il quitte le port, mais une nouvelle tempête cause de nombreuses avaries. Sur avis de l’équipage il retourne de nouveau au port. Presque un mois de réparations sont nécessaires. Il appareille le 19 mars pour Marseille qu’il touche le 26. Inscription au bas de la peinture : Ex-voto fait par le Capitaine et l’équipage… se trouvant assailli par une tempête devant ouest sud-ouest dans les parages de Messine, à 30 milles du Phare, fut sauvé miraculeusement par intercession de Notre Dame, le 22 février 1856 à 11 heures du matin.


Le Djurjura est un navire construit en Angleterre en 1887 pour la compagnie Veloce de Gènes. Il est long de 89 mètres pour une largeur 10 mètres. Il peut transporter 128 passagers et 1200 tonnes de fret. En 1898 la Compagnie de Navigation Mixte le rachète et l’affecte aux lignes d’Afrique du nord. En septembre 1912, il part pour Philippeville avec 163 passagers à bord. Le vendredi 6, à 6 heures du matin l’équipage constate une forte élévation de température dans la cale arrière. Dans celle-ci sont entreposés 40 barils de poudre et 250 barils de carbure calcium (qui brûle et explose au contact de l’eau). Le navire se dirige le plus vite possible vers sa destination. Vers midi les passagers se rendent compte du danger : des fumées s’échappent de l’arrière du navire. On ferme toutes les écoutilles pour tenter d’étouffer l’incendie. A 7 heures du soir tous les passagers sont à terre, hors de danger et les pompiers mettrons 4 heures pour éteindre l’incendie. Les passagers veulent alors remettrent au capitaine Gout une lettre de remerciement. Celui-ci refuse, arguant qu’il na fait que son devoir. Qui a remis l’ex-voto à Notre Dame de la Garde ? Personne ne le sait. Les registres sont muets


Inscription en bas à droite : Ex-voto. Great Republic 3 février 1856.
Un homme tombe d’une écoutille dans la cale du navire. En bas à droite on distingue un canon. Sur le pont, trois hommes se penchent, tandis qu’un autre implore le ciel.
Le Great Republic est l’un des plus grand navire en bois jamais construit. Il mesure 102 mètres de long. Il est construit à Boston en 1853. L’état français l’affrète et il transporte du matériel militaire vers la Crimée. Le 22 novembre 1855 il arrive à Marseille et subit une avarie dans le port de la Joliette. C’est pendant ce séjour, le 3 février, qu’un homme visitant le navire est tombé dans la cale et failli se tuer. Nous ne connaissons pas l’identité de celui-ci. La famille commanda ce tableau et le porta à Notre Dame de la Garde.


Inscription : Eridan, capitaine Ristorcelli, pendant un typhon essuyé le 17 octobre 1901, à son retour de Takou avec des troupes.
L’Eridan (nom antique du fleuve Po) est construit en 1866 à la Ciotat pour les Messageries Impériales. C’est, à l’origine un trois mats barque de 102 mètres de long pour 10 de large. En 1888 il est rajeuni et reçoit une nouvelle machinerie tandis son mat d’artimon est supprimé. Il peut alors accueillir 79 passagers.
A partir de 1893 il navigue définitivement en extrême orient. En 1901 il ramène de Chine des troupes (600 hommes) vers Saïgon. Le 17 octobre un violent cyclone s’abat sur le paquebot. Le pont est submergé, les canots emportés. Le navire prend l’eau et les pompes du bord ne suffisent plus. Il faut des seaux. Le lendemain matin, le vent se calme, la chaudière est remise en route et le navire rallie Tourane. On compte un tué et deux blessés. La protection de la Bonne Mère a permis d’éviter le pire. L’ex-voto porte la date de 1904. On peut supposer que c’est le capitaine Ristorcelli qui à son retour à Marseille l’a commandé et apporté à Notre Dame de la Garde.



Inscription en bas : « Laud Maria, patron Fransisco Casanovas, hallandose en el golfo de leon al anorcheser del 28 de febrero de 1866 con el viento del est muy recio invoco a dios y se libro de su peligro »
La maria, navire de 74 tonneaux avec un équipage de huit hommes part de Soller en Espagne le 21 février 1866, chargée d’oranges. Dans le golfe du lion, une tempête d’est se lève. Elle n’arrive à Marseille que le 5 mars. Le voyage a donc pris près de deux semaines ! Le tableau montre la Maria, toutes voiles dehors, en pleine tempête, ce qui parait improbable. Nous avons par contre une foule de détails sur ce petit navire : un mât incliné vers l’avant, une voile latine et un foc sur beaupré. A l’arrière un matereau avec voile triangulaire.



Inscriptio en bas : « Rosete Durbec sauvée des mains des Anglais et du naufrage le 22 8bre 1810.
Nous pouvons observer sur ce tableau naïf une barque qui navigue sur une mer calme. Six hommes font avancer le canot à la rame. Entre eux, un homme coiffé d’un chapeau se penche en avant. A l’arrière, sur un matelas rayé bleu et blanc, deux femmes. L’une tient un enfant dans ses bras et l’autre tient un chapelet. Plus à l’arrière trois enfants dont l’un est couché. Enfin un homme à califourchon sur la proue répare le gouvernail.
En haut, une colombe emmène une banderole en direction de la vierge Marie.
L’histoire se déroule sous Napoléon Ier.
François Durbec, domestique à Majorque (Baléares), est expulsé avec sa femme Marguerite, leurs deux garçons Jacques et Antoine et leurs trois filles, Rose, Claire et Camille. Ne trouvant pas de navire à destination de la France, ils embarquent à destination d’Alger. Sur place, le dey est mal disposé envers les Français, et François est arrêté. La famille se sauve et embarque sur Le Charles, prêt à appareiller pour Marseille. Ils sont en compagnie de marins du Zéphir, anciennement prisonniers des Anglais et qui ont été échangés. Le dey est toujours en rage contre les Français et il fait prisonnier la moitié des marins et de l’équipage. Le Charles appareille précipitamment le 14 octobre 1810.
Arrivé près de l’embouchure du Rhône, le 20 octobre, il rencontre une corvette anglaise qui le coule, garde le capitaine du Le Charles et deux matelots. Les autres personnes sont relâchées sur un canot. Ce sont ceux que nous voyons sur le tableau. Le second du Zéphir prend le commandement et les rescapés arrivent le lendemain à Pomègues (îles de Marseille) où ils sont mis en quarantaine.
C’est sans doute pendant cette quarantaine que Rose, ses souvenirs étant intacts, a peint ce petit chef d’oeuvre. 
Cet ex-voto est le plus ancien de la Basilique, exception faite des deux descriptions des marguilliers.


Inscription : « Vœu fait par le Capitaine Bernard ... commandant le navire le Baobab, armateurs MM Bernascon Fres, engagé en fuyant ...8bre 1853 par ...27’ lat. N et 9° 41’ long. O »
Le Baobab est un trois-mâts barque construit en 1835 à St Tropez. Pendant 18 ans il navigue aux Antilles, en Extrême Orient et en Afrique. En 1853 il est vendu à MM Bernascon Frères et il part le jour même pour Alexendrie avec Bernardin Louis Xavier Messier comme capitaine et un équipage de 7 membres. Le 7 juillet, la cale remplie de blé, il fait route vers l’Angleterre. Au sud de l’Irlande, il essuie une violente tempête qui dévaste le pont. Les voiles éclatent et plusieurs marins sont blessés. Le port de Falmouth en Cornouailles est atteint le 16 octobre et trois marins sont débarqués ainsi que le matelot Bellavista qui était l’intigateur d’une mutinerie.
Mais les malheurs du Baobab continuent : désertion d’hommes d’équipage, Mort en mer d’un autre, et finalement le bateau coule, à l’ancre à Forecaria en août 1854.
Le tableau montre le Baobab, gîtant sur tribord, dans une mer mousseuse (signature de François Roux). Le pont est balayé par deux lames et divers objets flottent tout autour du navire. Une voile est déchirée.


Inscription en bas de l’aquarelle : « La Fortune ex-voto du Capitaine Vincent Gastaldi, passant le détroit de Gibraltar, le 7 février 1876
Le tableau nous montre La Fortune passant le détroit de Gibraltar. Le rocher est bien visible à droite, et à gauche on aperçoit la côte de l’Afrique. Une bonne brise souffle de l’Est. Le navire porte une belle voilure. Des marins sont prêts à la manœuvre qui va bientôt faire changer le navire de direction. A l’arrière, sans doute le Capitaine.
Le bateau est construit en 1857 sous le nom de Laura. Il mesure 32,70 mètres de long pour 7,50 de large. En 1868 il est acheté par Alexandre Ramus et Louis Bonnaud de Marseille qui le destinent au transport de marchandises vers le Bénin. En 1876, il a bientôt 20 ans et il ne doit pas être en très bon état. Il est envoyé une dernière fois en mission à la fin janvier. Il passe le détroit de Gibraltar le 7 février et c’est sans doute à ce moment que le Capitaine Gastaldi s’est recommandé à la Bonne Mère. Le voyage se passe fort bien et le navire regagne Marseille le 23 septembre. Il doit être en piteux état car il est démantelé au début de 1877.
Dans le cas de cet ex-voto, la vierge n’est pas intervenue pour sauver des naufragés, mais pour protéger lors d’un voyage. Nous sommes en présence d’un ex-voto propitiatoire.


Signé en bas à droite « Delhuomo 1901 »
Le tableau montre un grand yacht de plaisance naviguant devant le Vésuve, dans la baie de Naples. Le bateau est gréé en goélette et il possède une chaudière. Il bat pavillon français. En haut du grand mas flotte le guidon du Yacht club de France tandis qu’au mât de misaine on distingue (sur le tableau) la marque du propriétaire, neuf bandes horizontales rouges et jaunes.
Ce qui permet, heureusement, d’identifier le navire. C’est le Tritonia, construit en Angleterre en 1881, en bois. Il est long de 30 mètres. Il appartient à Marcel Holtzer, membre d’une famille d’industriels. A la fin de l’année 1899 il vient en Méditerranée où il navigue jusqu’en 1904.
Le tableau montre le Tritonia qui navigue majestueusement dans une mer calme. Pourquoi cet ex-voto ? Y a t il eu tempête auparavant ? Où au contraire l’ex-voto n’a-t-il été fait que pour protéger le yacht ?



Le Turenne est un cargo mixte construit en 1879 à Glasgow. Il navigue jusqu’en 1912, date à laquelle il est vendu à la compagnie Paquet, pour le compte de l’armateur Maurel et Prom de Bordeaux (MHP). Il navigue depuis Marseille vers l’Afrique de l’ouest. En 1922 il s’échoue sur les côtes marocaine et est démoli.
Nous ne savons pas qui a apporté cet ex-voto.

Inscription en bas : « Ex-voto offert à Notre-Dame de la Garde en reconnaissance de 30 ans de navigation exempte de tempêtes et de malheurs. FD 1890 ». Félix Dallest né à Cassis en 1843. Il entre d’abord dans la marine de guerre, puis passe en 1869 l’examen de capitaine au long cours, et navigue alors sur les Antilles. Il commande ensuite le Ville de Fuveau vers l’Afrique et les Indes. A partir de 1880, il est second sur des navires à vapeur. En 1886 il est capitaine sur le Berry. Il prend sa retraite le 7 novembre 1889 et apporte son ex-voto à la Bonne Mère le 9 février 1990. Nous sommes en présence d’un ex-voto propitiatoire.


Le trois mâts Alexandre
Construit en 1843 à la Ciotat, gréé en trois mas barque, il possède une cheminée et des roues à aubes protégées par des tambours. Sa coque est en bois et il mesure 55 mètres de long. Sa chaudière, d’une puissance de 220 CV lui procure une vitesse de 8.5 nœuds. Propriété de la Compagnie des Messageries Nationales, qui devint par la suite Messageries Impériales, il navigue, au départ de Marseille vers la méditerranée orientale, puis vers l’Afrique du nord. Il fut démoli en 1861, là ou il était né.
Sur le tableau, le navire navigue dans une zone d’écueils, sur une mer à très forte houle. Le pavillon des messageries impériales est visible. Ce qui permet seulement d’affirmer que l’action se passe entre 1853 et 1861. Nous ne connaissons pas les circonstances qui ont amené cet ex-voto. L’auteur du tableau est inconnu.



Inscription en haut : Reconnaissance à la Ste-Vierge. En bas : Souvenir du naufrage du Douaumont à la date du 29 octobre 1920. F.O.
Le navire est construit en 1918, sur une idée de l’état major français pour tromper les sous-marins allemands : construire des bateaux comme les morutiers de Terre Neuve. Il est armé. Il fait partie d’une flotte de cinq navires identiques. Mais ils prennent la mer trop tard et la guerre se termine. Leur seule mission sera l’escorte des morutiers vers St Malo ou Fécamp. Mais celle-ci tourna court, et les navires d’escorte, trop lourds ne peuvent suivre les terreneuviers dans une tempête.
Le Douaumont arrive à Marseille en 1919 où il subit d’importants travaux. Il est transformé en cargo. En été 1920, il est prêt à partir vers Boulogne. A son bord, 2000 tonnes de tuiles et de tomettes. Mais impossible d’appareiller. Le bateau refuse « d’avancer de façon normale ». Déchargement des marchandises, réparation puis un nouveau départ. Cette fois se sont les ancres qui refusent de remonter !
Le 27 octobre, il réussit enfin à appareiller avec un équipage de 40 hommes. Mais la voilure est trop faible et les machines trop peu puissantes pour manœuvrer correctement et le navire qui s’échoue finalement sur une plage près de Cadaquès en Espagne. Deux marins se noient. Le lendemain le navire casse en deux. Le second du navire, François Olivieri, natif de Luri en Corse peint ce tableau . Ce n’est que sept ans plus tard qu’il l’apportera à Notre Dame de la Garde. On ne sait pourquoi un tel retard.

Inscription au bas : « Cygne, Capitaine Dewulf » Peinture sur porcelaine.  
Le Cygne est un brick de 220 tonneaux avec un équipage de neuf hommes. En septembre 1871 il part de New York avec un chargement de blé. En octobre il est à Dunkerque où il change de commandant. C’est le capitaine Dewulf qui prend la suite et il appareille pour Hambourg où il livre le blé. Le 2 décembre il part pour Cotonou et revient à Marseille en Juillet 1872 avec une cargaison d’huile de palme. Il repart ensuite pour Port au Prince. Durant le trajet il subit un très gros cyclone. Il revient à Marseille le 29 janvier 1873, non sans avoir rencontré de forts coups de vent. Le commandant quitte alors son poste de commandant. C’est, semble-t-il pour remercier la Bonne Mère, lui le marin du nord de l’Europe, pour l’avoir préservé durant son passage sur le Cygne, qu’il a offert cet ex-voto.
Vous pouvez le voir au premier étage du bâtiment d’accueil.

Sur une mer très forte, un splendide trois mâts navigue, portant une voilure importante. Deux voiles sont déchirées. Il est très proche des rochers. Qui est ce bateau ? Qui est le donateur de l'ex-voto ?
L'apparition de la vierge en haut à gauche signifie que le navire a changé de route rapidement au dernier moment.


Inscription : A N.D. DE LA GARDE Merci Filial 1936. Pyrogravure sur bois.
Marie Santoja Mercader naît à Valence (Espagne) en 1882. Elle fait des études dans un collège religieux et entre dans la congrégation de la Ste Famille de Bordeaux sous le nom de sœur Marie du Sacré-cœur. Elle enseigne alors l’espagnol, le français et la peinture. En 1936 la guerre civile fait rage en Espagne et les sœurs sont contraintes à se séparer. Sœur Marie souhaite se rendre en France et fait alors son vœu : Elle fera don de son ex-voto à la patronne du port où elle accostera. En 1937, elle embarque sur le paquebot Iméréthie à Valence. Elle arrive à Marseille en juillet. La pyrogravure a été déposé à Notre Dame de la Garde en 1947.
Pourquoi un tel retard ? Est-ce sœur Marie qui est venue ?


Le Gange est un cargo mixte construit à la Ciotat en 1904. Long de 135 mètres pour 16 de large il peut accueillir 94 passagers. Jusqu’à la guerre, il assure des liaisons entre Dunkerque et l’extrême orient.
Le 12 avril 1917, il quitte Marseille sous les ordres du Cte Lapousse, à destination de Nouméa. Outre des marchandises, 286 passagers ont pris place à bord, dont l’équipage de relève du croiseur Kersaint, commandé par le Cte Villeneuve. Celui-ci, dés le départ impose des exercices d’évacuation, en accord avec Lapousse. Le navire suit une route en zigzag pour tenter d’échapper aux sous-marins allemands. L’équipage du Kersaint renforce la veille.
Le 14 avril, le navire est au large de la Tunisie. A 14H10, le navire heurte une mine et le capitaine lance un appel de détresse. Le navire est évacué en six minutes ! Un marin du Gange tombe à la mer et disparaît. Le lieutenant Razimbeau récupère le pavillon du navire qui flotte à l’arrière. Rapidement, la canonnière Surveillante et le chalutier Jupiter sont sur zone. Ils tentent de prendre le navire en remorque, mais à 13h, le navire s’enfonce rapidement dans l’eau. Le Cte Villeneuve prend quelques photos.
Deux semaines plus tard, Lapousse est à Marseille. Le 28 avril il monte à Notre Dame de la Garde avec ses officiers et remercie la Bonne Mère de les avoir sauvé. Il offre au recteur le pavillon du Gange. Quelques jours après, il découvre les photos faites au moment du naufrage. Il en fait agrandir une et la place au centre d’un cadre avec le pavillon du navire roulé. Il fait écrire : « ...coulé par une mine boche...». Le qualificatif de « boche » a, semble-t-il, été effacé pendant l’occupation allemande de Notre Dame de la Garde entre 1942 et 1945.