L'AN 1790.
Le 30 avril, une horde furieuse gravit la colline. Le fort fut surpris et passa au pouvoir de la nation. Le drapeau tricolore fut arboré, et le canon apprit à Marseille ce terrible événement.
Dans une réunion patriotique qui eut lieu dans la seconde quinzaine d'avril, il fut question de s'emparer des forts de la Ville. Le premier était celui de Notre-Dame de la Garde. Quelques jours s'étaient à peine écoulés, lorsque l'expédition fut résolue. On choisit tout d'abord cinquante gardes nationaux. On jura de mourir pour la patrie, et on se mit en marche vers onze heures de la nuit, munis de fusils rouillés, et on se divisa en deux bandes. Alexandre Arnaud faisait partie de la première. Le poste des quatre les plus déterminés était à la portée du pont-levis. La seconde, s'était blottie plus loin, derrière un rocher. Dès que quatre heures sonnèrent, le pont-levis fut abaissé. Renaud, feignant d'aller entendre la messe, avec ses camarades, s'approcha de la sentinelle et lui dit : Camarade, touche là ! Renaud profita de ce moment pour lui serrer fortement la main ; et lui présentant aussitôt la bouche d'un pistolet, il lui intima l'ordre de garder le silence. A l'instant, ses trois compagnons s'élancèrent sur la sentinelle avec la rapidité de l'éclair, et firent la garnison prisonnière, faute de temps, pour préparer ses armes, et opposer la moindre résistance. Janel, couche en joue l'officier de la garnison en lui faisant croire qu'ils étaient au nombre de 2000. Le drapeau tricolore est arboré à l'instant, avec ces caractères : la liberté ou la mort. La femme de l'un des vainqueurs se trouvant à la croisée de sa demeure, sise sur le port, découvrit la première le changement des couleurs. A l'instant, elle en avertit la municipalité, laquelle envoya, de suite, deux de ses membres pour l'inventaire des munitions de guerre déposées dans l'enceinte du fort. Ces deux délégués se nommaient : Lieutaud et Blanc Gilly. Le sieur d'Anfossy était alors commandant du fort. Instantanément un grand nombre de gardes nationaux, tambours, fifres et tambourins en tête, gravirent la colline et furent féliciter les vainqueurs.
Archives du diocèse de Marseille: notice du Sanctuaire de N.D.G. Depuis l'an 600 jusqu'à nos jours.